CultureLab 2018

Une expérience unique au sein du plus cinéphile festival de cinéma en France dans un cadre historique

Comme chaque année, le Festival International du Film de La Rochelle, en collaboration avec l’Auberge de Jeunesse de La Rochelle, propose à 15 étudiants et jeunes professionnels du secteur culturel et cinématographique du monde entier de venir découvrir son univers.

Du 29 juin au 8 juillet 2018, le Festival leur prépare un programme spécifique pour vivre ces 10 jours en immersion totale avec :

  • Des projections de films de qualité et la participation à l’ensemble des évènements du festival
  • Des cours quotidiens de critiques cinématographiques en français avec Thierry Méranger des Cahiers du Cinéma (1h/jour)
  • Des rencontres exclusives avec des professionnels du cinéma (distributeurs, producteurs, exploitants de salles, techniciens, animateurs cinéma, cinéastes…)
  • Une immersion dans les coulisses de l’organisation du festival (rencontres avec les membres de l’équipe)
  • La rédaction d’articles de fond
  • Une visite guidée de cabine de projection
  • Des sorties culturelles et de loisirs

Les participants auront l’opportunité de développer leurs compétences professionnelles et linguistiques ainsi que leur culture cinématographique.

Liste des participants 2018
  • Ihab Bensalah, 21 ans, Maroc
  • Al Mehdi Laaribi, 21 ans, Maroc
  • Hanol Kim, 23 ans, Corée du Sud
  • Maryam Al-Ghazali, 24 ans, Irak
  • Dina Elgallal, 34 ans, Libye
  • Meital Gal, 29 ans, Israël
  • Olivier Savard, 21 ans, Canada

 

 

Les articles des étudiants

Dogman, par Mehdi Laaribi

Dogman (2018) est la tragi-comédie de l’année avec ses personnages captivants, son histoire émouvante et ses plans qui ne peuvent être choisis que par le génie de Matteo Garrone.

Ayant remporté le prix d’interprétation masculine du festival de Cannes, le film raconte l’histoire d’un toiletteur canin qui se voit forcé de mener une double vie dans la délinquance par son soi-disant ami Simon (qui vient tout juste de sortir de prison) pour pouvoir s’offrir des plongés sous-marines avec sa fille.

Manque de bol, c’est le braquage de trop et Marcello finit en prison.

Marcello Fonte délivre une performance incroyable où l’on peut voir la fragilité du personnage à travers les gros plans sur son visage et ses yeux.

Ces scènes sont assez longues et permettent non seulement d’accentuer la tension mais aussi de mettre les spectateurs à la place du personnage qui doit certainement se poser des milliards de questions sur ses choix/actions et leurs conséquences.

L’évolution du personnage de Marcello est surement l’un des meilleurs points forts de ce long-métrage.

Tout au long du film ses liens avec les autres personnages sont affectés par cette mésaventure : ses amis, son quartier, mais surtout ce qui compte pour lui c’est sa fille Alida. Il passe d’un toiletteur pour chiens aimé et apprécié par tout son entourage, d’un délinquant qui rentre même par effraction pour sauver la vie d’un chien congelé à une personne déloyale et un traitre qui n’est intéressé que par l’argent.

Mais le détail qui vient couronner le tout est le parallèle appliqué au début et vers la fin du film où l’on peut voir Marcello entrain d’amadouer un chien enragé afin de le nettoyer en premier et en dernier la même scène avec Marcello en train d’essayer de calmer Simon en colère de la même manière.

Simone serait-il alors le « Dogman » ? C’est un sujet à débattre.

Dogman, par Dina El Gallal

Dogman is an Italian movie directed by Matteo Garonne And its protagonist Marcello Fonte (Macho) in 2018, tells a story about a naive divorced man who has a young daughter who owns a dog groomer shop in south Italy, and that shop named Dogman, it speaks about his struggle with a drug addicted gangster, who was taking advantage of his weak personality, that personality turned to be the opposite and he took his revenge after the gangster exceeded all the boarders that human can handle.

Marcello Fonte played his role perfectly as he showed deferent emotions for the character as he showed sense of humor, sympathy, sadness, and love in Macho, which is hard for most of actors to show these emotions in one movie, no wonder he won for this role an award in Cannes festival in 2018 as best actor.

Edoardo Pesce who played the role of the antagonist (Simone), convinced us with his acting as if he was a real violent gangster.

Matteo Garonne made us feel the reality of Macho’s struggle, as he showed every emotion Marcello worked on in his role in a very simple way.

This movie won lots of local and international awards, such as: Cannes Festival and Nastro D’Argento, and the movie was played in the opening of La Rochelle Film Festival.

Leto, par Ihab Bensalah

Un nouveau regard sur une Russie inondée par un régime oppressif. Leto (qui signifie “l’été” en russe), est un film dramatique russe sorti en 2018 sur le musicien Viktor Tsoi, ainsi que la culture rock underground de Leningrad dans les années 80.

Etant l’un des derniers films que j’ai eu la chance de visionner lors de la 46ème édition du Festival International du Film de La Rochelle, Leto est comme le parfait dessert à un repas tout autant varié que délicieux. Une histoire d’amour complexe et attirante ? Check. Un excellent choix musical, composé de Bowie, Talking Heads, T-Rex, etc… ? Check. Un fort message politique tout aussi valable en 1980 qu’en 2018 ? Check.

L’alchimie entre Viktor Tsoy (joué par Teo Yoo) et Mayk Naumenko (joué par Roman Bilyk), crée un équilibre avec le manque de développement de ce personnage. Leur relation qui peut être qualifiée de paternelle, semble si rapide, que je ne comprends pas pourquoi le vétéran du Rock est si affectif par rapport à son prodige, jusqu’au point de donner sa bénédiction à un « love triangle » entre eux et sa femme Natasha.

Néanmoins, les nombreuses scènes du style d’une comédie musicale, qui reprend des tubes mythiques comme « Psycho Killer », embellie par des animations dessinées Grunge et Punk Rock (on peut remarquer des messages comme « F the police », « Rebellion » etc..), m’ont tellement emporté que je me suis trouvé à taper des pieds and chanter inconsciemment.

Pour moi, la star du film, est un personnage dont on ne connait vraiment pas l’origine ni s’il existe vraiment ou pas. On peut le nommer par le « Skeptic ». Il est omniprésent, et s’adresse directement à nous pour nous remettre en question, et nous différencier la réalité du fantasme dans le film. Il crée un certain « comic relief » tant inattendu au début, mais dont on devient conscient au fil du film. Chaque intervention m’a rendu impatient de voir la prochaine.

Alors, vous êtes fan de Rock de Leningrad des années 1980 ? Non ? Allez quand même voir ce film.

Je vois rouge, par Olivier Savard

Au milieu des ciné-concerts, des hommages et des rétrospectives, les cinéphiles venus en grand nombre à l’édition 2018 du Festival International du Film de La Rochelle ont pu assister à plusieurs œuvres provenant de la Bulgarie. Si ces films présentent aux festivaliers une occasion d’en découvrir davantage sur la culture bulgare, de nombreux mystères sur ce pays et son histoire nous restent inaccessibles. Ce sont justement ces mystères qu’a essayé de déchiffrer Je vois rouge, documentaire présenté au Festival vendredi dernier. Jonglant avec secrets d’État et secrets de famille, ce film ambitieux, mais maladroit, fascine autant par ses échecs que par ses réussites.

Tentant de révéler le passé sombre de la Bulgarie communiste, Bojina Panayotova mène une enquête sur l’histoire de sa propre famille. De ce fait, Bojina communique tout au long du film avec ses parents, s’assurant toujours de capturer leurs conversations par vidéo. C’est de là que provient l’originalité de ce film ; rarement a-t-on vu, jusqu’à présent, un documentaire historique composé majoritairement de conversations Skype entre membres de familles. Cet aspect « tranche de vie » crée un angle original qui met les « acteurs » du film au premier plan, rappelant même à l’occasion le ton d’une fiction écrite plutôt que d’un documentaire. De ce côté, le montage est à complimenter, puisqu’il transforme des conversations qui auraient pu sembler banales, voire lassantes, en moments marquants du film. Il s’agit ici d’une œuvre qui peut nous faire rire ou nous bouleverser que par sa manière de monter des images Skype, ce qui reste un exploit en soi.

Par contre, l’aspect humain qui ressort de ces conversations, bien que constituant le point fort du film, lui sert également de béquille. Alors que le documentaire semble devenir de plus en plus à propos de sa propre création au lieu de son sujet de départ, il peut s’avérer frustrant pour le spectateur de continuer le visionnement. Les conversations entre Bojina et ses parents, redondantes après un certain temps, finissent par dépeindre l’image d’un film qui ne sait pas quand s’arrêter.

En bout de ligne, Je vois rouge est une bête intrigante. Alors que l’objectif initial semble avoir raté sa cible, le résultat final réussit, de manière créative, à en dire beaucoup sur la Bulgarie et sur les gens qui y ont habité. Rempli de vérité et d’humanité, ce film reste tout de même son propre pire ennemi. C’est à croire que l’on garde sa famille près de soi, mais ses ennemis encore plus près.

Woman at War, par Hanol KIM

Dans toute l’histoire, les femmes n’étaient pas à la guerre. La « femme » et la « guerre » sont deux mots qui ne vont jamais l’un avec l’autre parce qu’il était interdit aux femmes d’avoir une relation directe avec la guerre. Alors elles y ont participé différemment ; comme une mère ou une fille du soldat, comme devenant -enfin !- un ouvrier qui remplace la place vide de l’homme-ouvrier ou en étant forcée de devenir victime de crime sexuel. Donc le titre qui rattache une femme à une guerre est déjà une forte revendication, et cela nous donne un fond général du film.

Alors, ici, je pose la question peut-être la plus importante ; pourquoi la femme devrait être celle qui participe à la lutte contre l’industrie locale de l’aluminium, et être donc contre la société dangereuse de la technologie ? C’est parce que seule la femme peut faire un lien entre la guerre et la musique –Halla est professeur de chant-. La femme peut rendre la guerre moins sérieuse et finalement moins violente. Le film présente cette pensée par une structure particulière, en plaçant un groupe jouant une musique dans le cadre, avec le personnage principal. Cette interruption du groupe crée de nombreux effets dans l’œuvre. Tout d’abord, évidemment la musique approfondit certaines ambiances du film ; cela nous rend nerveux quand Halla essaie d’exécuter la manifestation, et quelques fois cela nous rend triste dans la maison qui fuit en Ukraine.

En outre, le groupe de musique crée un sens de l’humour, quand le touriste étranger et le groupe se donnent des regards gênants et quand ils aident Halla à distribuer une déclaration sur le toit du bâtiment, bien sûr en chantant. Cet élément humoristique aide les spectateurs à apaiser les tensions –tout comme ce que le yoga fait dans le film- et même pour le personnage principal qui est sous haute pression. Cela est la raison pour laquelle la guerre doit être faite par la femme, car la musique peut exister tout au long de l’acte de manifestation, donc dans le même cadre.

Mais attention, ce n’est pas une tentative de « féminiser » la guerre. En d’autres termes, cela ne signifie pas que les femmes ne peuvent pas faire la même chose avec les hommes ou que les femmes ne peuvent pas chanter une chanson même dans une situation meutrière de guerre. Mais il s’agit plutôt d’une tentative de recréer ou de réécrire la définition d’une guerre. Parce que le combat de Halla contre la société capitaliste se fait par une flèche et une bombe, mais c’est aussi en adoptant une fille d’Ukraine. Ces deux efforts sont exécutés grâce à sa sœur et à son voisin, ce qui montre que le film ne s’intéresse pas à faire la distinction entre les sexes mais à décrire la «guerre» d’une manière qui peut s’adresser à davantage de personnes.

Si Bresson a tenté de révéler la vérité par un comédien amateur, comme le disait Thierry Méranger dans son cours de critique, Benedikt Erlingsson choisit un groupe de musique -qui est l’élément hétérogène à l’image de la scène- pour atteindre le même objectif: créer une certaine artificialité afin de réveiller le public de la fantaisie -donc le cinéma-. À un certain point de vue, la stratégie d’Erlingsson semble plus efficace que celle de Bresson, car pour un public moderne, un mauvais acteur peut perturber le déroulement du film, et cela est différent de révéler la vérité. Cependant, voir une musique jouer en temps réel nous fait réaliser la partie d’illusion du média mais en même temps elle nous amène à divers autres effets.

Une guerre ou un manifeste, quel qu’il soit, n’est pas un acte joyeux. Ce que la fin du film nous montre est la réalité dans laquelle nous nous plongeons. Si l’on peut espérer quelque chose dans l’avenir, malgré la société profondément enfoncée dans la destruction, que ce soit en faisant comme la sœur de Halla a dit, par « faire son voyage à notre voyage ».

Dogman, par Meital Gal⁩

Au Festival International du Film de La Rochelle il y a tant de films de toutes les époques, quelque chose pour chacun, mais je voudrais parler d’un film spécifique que j’ai plus aimé, c’est le film de la soirée d’ouverture, “Dogman” (2018), qui a été réalisé par le réalisateur Italien Matteo Garrone.

C’est un film dramatique qui mélange une histoire de vengeance avec un voyage personnel d’un style du crime.
Il s’agit d’un homme qui gagne sa vie comme coiffeur pour chiens et donc sa clinique s’appelle « Dogman », mais ce nom apporte d’autres significations.

Dogman est en fait Marcello, joué par Marcello Fonte, un comédien superbe qui, avec son visage fort expressif, contribue à beaucoup de moments dramatiques, drôles et touchants.

Alors, Marcello, un divorcé qui ne veut que faire plaisir à sa fille, travaille dur et a l’air d’un homme bien, mais son « ami », Simone, un drogué à qui Marcello vend de la cocaïne pour gagner plus d’argent, l’introduit au monde du crime. Leurs relations sont ambigües comme le moral des toutes les figures dans ce film.

On voit Marcello devenenir lui-même un criminel, mais on ne le juge pas parce qu’on comprend le monde où il vit – où l’homme fort est celui qui survit, et puis on apprend le prix fort pour ce faire.

Marcello est la version italienne de Walter White de « Breaking Bad » – un homme qui a l’air assez décent, mais trouve de la violence en lui-même.

Donc, le film pose la question : est-ce qu’on peut échapper à la violence, ou peut-être nous sommes tous des chiens ? Où est la justice ? Doit-on devenir des animaux pour l’attraper ? Et qu’est-ce qui se passe quand on l’attrape ?

Fonte, vraiment formidable dans son rôle, a gagné le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes, mais en plus de sa performance, le film utilise bien la cinématographie – parfois, ce petit quartier en Italie ressemble à des endroits où des westerns américains se déroulent.
Beaucoup d’images qui mettent Marcello au centre nous aident à l’accompagner dans son voyage personnel.

“Dogman” me rappelle d’autres films très récents – « Three Billboards: Les Panneaux de la Vengeance ».
Les deux s’occupent des histoires de vengeance – comment il est également humain de sentir cette émotion, et en même temps, comment on ne se sent pas mieux après avoir pris des décisions après ça.
Mais quand pour « Three Billboards » les figures essaient d’améliorer ses mauvaises actions, il parait que pour Marcello c’est déjà trop tard.

Le son dans cette œuvre est aussi fort et nous place complétement dans le monde du crime en Italie – un endroit qui n’a aucun espace pour les gens trop gentils, et donc on doit savoir qu’il y a un chien en nous tous et également savoir comment être moins « dog » et plus « man ».

Sofia, par Maryam Al-Ghazali

Je me considère comme une fille très chanceuse non seulement d’être invitée au festival, mais aussi d’avoir des réunions privées avec des directeurs, traducteurs et organisateurs, et je pense que c’est pourquoi ce festival est très réussi et spécial. Différentes compétences et différentes expériences de différentes cultures peuvent se réunir ensemble et faire des conversations très riches.
Les films sont choisis très soigneusement donc ils ont très variés.

J’ai vu le film « Sofia » qui a été montré à Cannes. Il s’agissait d’un problème social dans le monde Arabe, ce qui m’a rendu curieux à ce sujet.
Le film, que Mariam Benmembark a filmé à Casablanca en 2017, raconte l’histoire d’une fille qui accouche à la suite d’une relation hors-mariage « qui est contre la Règle Islamique ». Elle se voit obligée d’amener le père à l’hôpital ou faire face à l’emprisonnement. Sofia, accompagnée d’un parent, est en voyage de nuit à la recherche du père supposé de l’enfant.

Sofia prétend qu’Omar est le père. Il le nie et accepte le mariage quand la famille de Sofia lui offre de l’argent.
La surprise survient juste avant la fin du film lorsque Sofia révèle que le père est un homme d’affaires qui l’a violée pendant l’absence de sa famille. La famille décide de garder le silence sur cet acte afin de ne pas perdre un contrat de travail en cours entre le père et l’homme d’affaires.
Je ne sais pas si Maryam dépeint Sofia comme une victime ou un bluff… Mais pour moi, la photo que Sofia représente est celle d’une jeune femme qui est trompée par tout le monde à des fins spéciales et s’est ensuite retournée pour critiquer ses parents et sa famille. Elle a ce qu’elle prévoyait d’abord.
La fin du film était presque ouverte et nous avons encore des questions.
Ce film a réalisé ce message de cinéma, que chaque réalité a deux côtés.